Phora signifie en grec l'action de porter. Dans le même mot se rejoignent le devenir, ce que nous portons comme un enfant, et la douleur, ce que nous portons comme un fardeau. Seule la condition de toutes ces fagoteuses et travailleurs qui viennent se déposer dans son cabinet, seul le réel de tous les parcours de vie fascinants et émouvants de ses patients pouvaient réveiller un écrivain en pleine fatigue culturelle. Nicolas Lévesque reprend la plume pour témoigner de ce que peut mettre en scène un mois dans sa pratique de psy. Aucun regard totalisant ici, aucun jargon hermétique, aucune étude de cas classique, plutôt un peuple de fragments qui incarnent la diversité des vivants, la richesse de nos mises en jachère, le labeur de la thérapie. En le lisant, on découvre que la psychanalyse n'est pas morte, qu'elle peut même, au contraire, être dela plus grande vitalité en embrassant les contradictions de son époque, en reconnaissant les effets d'une violence sociale aux multiples visages, en délaissant ses peurs et sa rigidité au profit de la singularité merveilleuse, inexplicable, de chaque être humain, qui mérite des psys souples, doux, humbles, authentiques, qui ont une curiosité infinie et une capacité de se réinventer à chaque séance.Un livre pour le coeur et pour la tête, pour ce qui nous déchire et nous rassemble, dans nos maisons psychiques et politiques.