Débarqué sur le sol italien, Enée gravit inexorablement les marches de son tumultueux destin. Pour se faire sa place au soleil, il doit combattre certains peuples arrivés avant lui, s'allier à d'autres, sans oublier pour autant le rôle important joué par les dieux et les femmes.
Mais il sait que la liberté de chacun, qu'il soit dieu ou homme, est illusoire et obéit à une implacable nécessité. Preuve s'il en est que liberté et nécessité sont les deux inséparables faces de la condition humaine: l'une est par l'autre, elles se co-fondent. Fatalistes et activistes n'en finiront jamais de s'écharper, acteurs d'un jeu tragicomique que Virgile met superbement en scène, justifiant a posteriori l'irrésistible ascension de Rome par le subtil jeu des fata, du destin qui toujours "trouve une issue", puisqu'il faut bien trouver une limite à la liberté.
Il semble, trois millénaires plus tard, que les règles de ce jeu soient toujours d'actualité.