"... Le témoignage d'Antoine Delenda constitue un point de vue doublement original dans la mesure où il n'est pas seulement anti-collaborationniste mais très rapidement anti-vichyste. Son intérêt se rehausse du fait qu'il s'enracine dans le " système ", observé et décrit de l'intérieur. C'est un point de vue d'autant plus rare que, si beaucoup de vichystes étaient incontestablement anti-allemands tout en pensant jouer au plus fin, telle n'est pas l'attitude d'Antoine Delenda auquel la suite des événements donne raison. Il témoigne en effet, dès 1940, d'une grande lucidité. C'est à la fois en moraliste et en personne politique réfléchie qu'il fait, dès l'armistice, le pari de la défaite allemande (laquelle était loin d'être évidente à Vichy). Ministre plénipotentiaire, responsable des relations commerciales et du blocus, Antoine Delenda possède une très grande connaissance des innombrables dossiers qui lui passent sous les yeux, ainsi que du personnel de l'Etat français. Par ses fonctions, il est au coeur des questions, particulièrement cruciales, de ravitaillement, de confiscation de denrées et de biens, et surtout du non-respect par les Allemands des clauses de l'armistice, à commencer par la quasi-annexion de l'Alsace-Lorraine. L'historiographie allemande actuelle insiste elle-même sur le fait que la puissance occupante se livrait en France à des pillages constants. Nous en trouvons, dans les notes d'Antoine Delenda, des illustrations au jour le jour, qui mettent en relief la lâcheté d'une administration vichyste soucieuse de ne jamais déplaire à l'occupant et n'osant pas même, ou si peu, lui rappeler ses engagements et sa signature. A tous égards, les considérations de l'auteur offrent une vue très neuve sur des aspects encore mal connus de l'occupation nazie. Grand blessé de guerre de 14-18, Antoine Delenda est un incontestable résistant moral de l'intérieur..." Emmanuel Leroy-Ladurie.